Domicile, maison de naissance, maternité : où naître aujourd’hui ?

Accouchement : un acte naturel, 3 chemins possibles

L’arrivée de ton enfant sur Terre, c’est peut-être le plus beau jour de ta vie, ou du moins, c’est un jour que tu souhaites bénir. Dans les films, les accouchements sont souvent présentés comme parfaits : peu de douleurs, la femme couchée dans un lit d’hôpital et remise sur pied juste après. Malheureusement, ça, c’est de la fiction. L’accouchement est un acte naturel, qui nécessite une grande préparation en amont. Mais ne t’inquiète pas, si tu accouches dans quelques semaines ou quelques jours et que tu n’as rien préparé, tu vas quand même accoucher !

Depuis la nuit des temps, les femmes accouchent naturellement. Elles accouchent chez elles, au sein de leur communauté. Et à la fin du XIXᵉ siècle, l’hôpital est arrivé. Il a permis aux plus aisées de bénéficier d’un accouchement encadré par des médecins (plutôt focus sur l’évolution de la médecine que sur les besoins de la femme) et sous anti-douleurs (anesthésies, même générales). Accoucher à l’hôpital était moins risqué qu’à la maison, mais aussi beaucoup plus médicalisé. Alors cela a pris de l’ampleur et, dans les années 50, accoucher à l’hôpital est devenu une norme, même si certaines pratiques étaient discutables. Car ce qui intérêssait avant tout un hôpital, c’était : la reconnaissance de ses compétences, tant sur le plan de l’avancée médicinale que sur le taux de mortalité. Alors oui, tu l’as bien compris, à l’hôpital, le personnel faisait tout ce qui était possible pour que l’accouchement ait lieu, même s’il fallait avoir recours à des pratiques peu banales et encore en essai.

En voici alors deux lieux de naissance : l’accouchement à domicile et l’accouchement à l’hôpital. Deux types d’accouchements qui n’ont strictement rien à voir. Les opposés. Mais depuis peu, un troisième a fait son apparition. Une sorte d’entre-deux. En tout cas, c’est comme ça qu’il nous est vendu : la maison de naissance. Un lieu où un accouchement naturel est garanti, mais dans lequel la moindre complication mène immédiatement à l’hôpital. Pas de prise de risque → la survie avant tout. Alors, c’est un entre-deux qui peut tendre soit vers un accouchement proche du domicile que carrément finir à l’hôpital. Quelle option choisir ? Surtout si c’est notre premier enfant et que nous n’avons aucune idée de ce à quoi nous attendre ?

La maternité : le chemin du confort (et de la norme)

Si l’on repense aux fameux films et à ce qu’on nous répète tous les jours sur le fait de ne jamais prendre de risque, alors le choix est vite fait : accoucher à l’hôpital est la meilleure carte à jouer. D’ailleurs, les statistiques suisses vont dans ce sens : 97 % des accouchements ont lieu à l’hôpital(1). Est-ce pour autant que tu dois faire comme la grande majorité de la population ? Non. L’hôpital offre de nombreux avantages tels que : l’accueil de tout type d’accouchement, même en urgence, une prise en charge complète avec tout type de professionnels de santé et une garantie médicale. En Suisse, il existe de nombreux hôpitaux (maternités) reconnus avec une approche plus respectueuse des souhaits de la maman, et qui favorisent un accouchement naturel quand cela est possible. Mais, ne nous méprenons pas, un hôpital reste un hôpital. La chambre d’accouchement reste une chambre médicalisée, la présence du personnel est constante, et les règles de l’hôpital s’applique (nous l’avons vu notamment lors du COVID : port du masque obligatoire et test de dépistage).

La maison de naissance : le chemin du naturel (et de la sécurité)

Dans les années 80, les maisons de naissance ont fait leur apparition avec un objectif : permettre aux femmes en bonne santé d’accoucher naturellement, tout en garantissant un transfert rapide à l’hôpital si besoin. Le cadre se veut chaleureux, intimiste et professionnel, car il est tenu par des sages-femmes, les premières professionnelles de l’accouchement, bien avant l’arrivée des obstétriciens avec l’essor de la médecine moderne. Mais l’accès aux maisons de naissance est restreint, car ces lieux ne prennent aucun risque. Les conditions d’accès sont claires : pas de grossesses dites “à risque” (jumeaux, pathologies, âge élevé de la mère, etc.). Et, selon les statistiques de 2022, 24 % des femmes ayant débuté leur accouchement en maison de naissance (Suisse) ont été transférées à l’hôpital, notamment à cause de la stagnation du travail (39 % des cas), du souhait de la femme (20 % des cas) et d’anomalies de présentation (12 % des cas)(2).

Le domicile : le chemin brut (et de la préparation)

On en parlait au début de l’article, l’accouchement à domicile, c’est la base. Mais depuis 100 ans, l’objectif sociétal est la réduction du taux de mortalité infantile, qui est passé de 197 décès pour 1’000 naissances vivantes en 1900 à 3,1 décès pour 1’000 naissances vivantes en 2021 (3). Les faits sont là : le taux a effectivement énormément chuté, et nous devons cela à l’amélioration de l’hygiène (eau potable, lavage des mains, etc.) et aux avancées médicales (soins aux nouveau-nés). La médicalisation des accouchements, elle, n’a pas été aussi déterminante. Ainsi, l’accouchement à domicile, réalisé par une sage-femme expérimentée, peut totalement être envisagé, étant donné que les deux causes de la mortalité infantile mentionnées sont connues et maîtrisées par cette dernière. Il n’en reste pas moins que l’accouchement à domicile est largement délaissé, non seulement à cause des craintes liées à la mortalité, mais surtout en raison de la préparation mentale et physique importante qu’il exige pour gérer la douleur.

Un seul chemin possible : celui qui te correspond

Tu peux retourner dans tous les sens ton accouchement idéal, mais ce qui est certain, c’est que tu ne peux jouer qu’une seule et unique carte. Initialement, si tu es une femme présentant une grossesse dite “à risque”, les recommandations sont claires : un accouchement à l’hôpital. Et si tu choisis un hôpital à l’écoute des mamans, tu pourrais certainement être surprise en bien. Mais une grossesse qui se passe bien ne signifie pas non plus que tu doives te “challenger”, et c’est tout là, la subtilité de notre époque. Accoucher à la maternité, c’est la norme ; accoucher en dehors, c’est warrior. Accoucher avec la péridurale, c’est la norme ; accoucher naturellement, c’est warrior. En réalité, ton accouchement ne dépend ni de la norme, ni d’une quelconque performance. Notre époque nous permet de choisir ce qui répond le plus à nos attentes, à nos envies et à nos envies. Ce n’est pas parce que tu as l’opportunité d’accoucher naturellement que tu dois t’y tenter si tu ne le sens pas, tout comme ce n’est pas parce que tu as l’opportunité d’accoucher à la maternité que tu dois faire une croix sur un accouchement naturel. Ton choix devrait se porter au-delà ce que pensent et font les autres.

Avec tout mon amour ❤

Sources

*(1) https://www.swissstats.bfs.admin.ch/data/webviewer/appId/ch.admin.bfs.swissstat/article/issue191412911900-08/package?utm_source=chatgpt.com*

*(2) https://www.geburtshaus.ch/uploads/Statistik_Berichte/IGGH_Statistik_Bericht_2022_FR_Repports[95].pdf?utm_source=chatgpt.com

*(3) OFS : “Tables de mortalité longitudinales pour la Suisse” & “Naissances contrariées”

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